Imaginer des communautés inclusives dans la culture européenne

Rome, 6-10 septembre 2021

La critique et la théorie du XXe siècle nous ont familiarisés avec la capacité des récits fictifs de construire ou de renforcer l’identité des nations et des classes, souvent au détriment des autres communautés. Les recherches sur l’importance idéologique de la fiction, en tant qu’outil de cohésion sociale, ont souligné avec insistance la tendance à exclure, avilir ou dénaturer d’autres groupes. Toutefois, une question qui a été moins souvent posée est celle de savoir comment le récit fonctionne et comment il parvient à construire des communautés inclusives. Cette question semble d’une grande pertinence par rapport à la période moderne, en particulier au cosmopolitisme culturel moderne de la première heure (la “république des lettres”). Mais aussi à l’universalisme du Siècle des Lumières (avec son intérêt pour la nature humaine), à la construction de “l’imaginaire national” des États-nations européens, au scepticisme des idéologies nationales qui ont marqué les grandes tendances des cultures narratives moderne et postmoderne. De plus, ces dernières années, étant données les questions éthiques et politiques soulevées par la globalisation, le pouvoir de la fiction, en tant qu’outil pour remettre en question ou élargir les frontières communautaires, est devenu de plus en plus considérable. Et il est probable que ce pouvoir deviendra d’autant plus important à la lumière des récents développements sociaux et politiques, tels que la résurgence du nationalisme sous la forme du “souverainisme” et des politiques protectionnistes, de la crise de l’Europe, à la fois comme idée et comme système institutionnel.

Le concept d’inclusivité est particulièrement pertinent aujourd’hui, non seulement en termes d’identité nationale et d’identité de classe, mais aussi d’identité de genre, et des stratégies d’inclusivité sont explorées dans divers domaines, y compris les études de traduction, et appliquées à toutes sortes de textes (voir par exemple les traductions de la Bible attentives aux questions de genre).

La notion de « crisis translation », largement étudiée aujourd’hui, est également pertinente dans la mesure où elle concerne comment la traduction et des traductions, dans les périodes et les zones de crises politiques et humanitaires, se font les médiateurs entre les peuples et les individus appartenant à des communautés culturelles et linguistiques différentes. L’objectif de cette conférence est d’inviter à la réflexion sur la narration en tant qu’outil de création de communautés inclusives dans la culture européenne, en mettant l’accent sur un large éventail de médias (littérature, aussi bien de fiction que de non-fiction, y compris la littérature traduite, les films, les séries télé, les romans graphiques et les jeux vidéo) et s’étalant sur différents périodes, depuis l’Antiquité classique – où la pensée communautaire était déjà bien fondée – à nos jours, caractérisés par des tentatives radicales de renégociation de l’identité communautaire. Nous invitons, par ailleurs, à une réflexion sur le rôle de la critique, de la théorie et de l’historiographie dans la conception de communautés inclusives et sur le rôle de la traduction et de la circulation des œuvres narratives en Europe. Nous encourageons à la fois les lectures narratologiques qui mettent en évidence le langage formel du développement communautaire et les réflexions politiques et idéologiques, comparatives ou axées sur des contextes spécifiques.

Nous invitons les collègues à envoyer des propositions de communications sur les communautés inclusives, à partir de toutes les disciplines et de tous les points de vue. Toutes les communications seront incluses dans des panels de quatre conférenciers chacun. Prévoyez donc, s’il vous plaît, de faire une présentation sur votre sujet pendant 20 minutes au maximum, incluant tout matériel audio ou visuel.

Veuillez soumettre des résumés de 300 mots accompagnés d’une courte biographie, d’une affiliation institutionnelle (si possible) et de vos coordonnées d’ici le 30 septembre 2020 aux adresses suivantes : escl2021.lcm@uniroma1.it et escl2021.dseai@uniroma1.it.

Les soumissions de panels sont les bienvenues. Si vous souhaitez en proposer un, veuillez le soumettre au complet, accompagné d’une courte biographie, de votre affiliation institutionnelle (si possible) et de vos coordonnées avant le 15 septembre 2020 aux adresses suivantes: escl2021.lcm@uniroma1.it et escl2021.dseai@uniroma1.it.

Les décisions d’acceptation seront notifiées avant le 30 octobre 2020.

Les sujets et les domaines possibles comprennent, sans toutefois s’y limiter, ce qui suit :

  • Littérature comparée, littérature mondiale et identité de l’Europe

  • Fiction, frontières nationales et frontières européennes

  • Traduction et création de communautés en Europe

  • L’Europe entre le local et le global

  • Articulations de genre

  • Un langage qui tient compte des différences de genre

  • Stratégies de traduction qui tiennent compte des sexospécificités

  • Traduction dans des situations de crise

  • Films et émissions de télévision explorant les frontières physiques et métaphoriques

  • Les frontières de l’Europe : le chevauchement imparfait de la géographie, de l’histoire et du patrimoine culturel

  • L’espace eurasiatique post-soviétique : inclusions passées et exclusions présentes

  • Traditions anciennes et modernes : autres perspectives des régions caucasiennes et d’Asie centrale

  • Le rôle des Empires dans l’espace littéraire européen

  • Récits coloniaux et contre-récits postcoloniaux

  • Les processus de racialisation en Europe

  • Europe noire

  • L’écriture des migrations transnationales

  • Littérature sur la migration

  • Études sur la diaspora : nouvelles identités et nouvelles communautés

  • Les récits des transitions

  • Génomique culturelle

  • Localisme(s) : les communautés locales (villes, pays, villages, quartiers) par rapport aux communautés nationales et mondiales

  • Groupes de lecture (physiques ou virtuels)

  • Communautés “Fandom” : groupes de fans de BD, de science-fiction, d’horreur, de cosplayers, de groupes rock, de fans de sport, etc.

  • Représentations culturelles des communautés européennes (Imagologie)

Nous invitons les soumissions dans toutes les disciplines proches de la littérature comparée, y compris l’histoire, l’histoire de l’art, la philosophie, les classiques, la théologie, la traduction, les études du Proche-Orient, les études asiatiques, et autres. Des abstracts sur tous les sujets seront pris en considération, mais la priorité sera donnée à ceux qui traitent de notre volet thématique.

En plus des sessions parallèles sur le sujet de la conférence, seront organisés deux ateliers des doctorants et des chercheurs post-doc.

Plus d’information ici.